On évoque fréquemment dans notre vie quotidienne le courage sans réellement s’intéresser à son sens profond. En lançant le classique « bon courage ! », on veut se montrer empathique et motivant. Mais peut-on vraiment décider d’être courageux ? Est-ce une valeur qui se transmet, une compétence qui s’acquière ou une forme d’état d’esprit ?
Dans une société de plus en plus régentée par les normes et les règles, le principe de précaution n’est-il pas devenu un obstacle au courage ?
Les trois dimensions du courage
Si la résilience est une force inconsciente qui pousse l'être vivant à mettre ses ressources au service de sa survie, en revanche, l’acte de courage nécessite une vraie liberté de décision. La définition du 'courage' que je préfère est celle d'Aristote : "Le courage est le juste milieu entre la peur et l'audace".
Le courage peut s’exprimer à travers différents champs d’expression :
- Le courage d’être soi-même : affirmer sa personnalité, ses choix, ses valeurs et ses préférences. Oser dire non, être capable de prendre une décision même si elle est impopulaire et finalement, s’affranchir du regard des autres. Parvenir à surmonter son égo et ses peurs pour offrir sans pudeur, notre amour aux êtres qui nous sont chers.
- Le courage de mener un combat : l’histoire de France est jalonnée de héros qui nous inspirent plus ou moins consciemment. De Jeanne D’Arc à Jean Moulin en passant par Charles de Gaulle. Mais aussi tous ces anonymes qui se sont battus pour défendre leurs idéaux : les gaulois contre les romains, les poilus dans les tranchées ou encore le millier de soldats français qui luttent actuellement en Irak et en Syrie contre le groupe terroriste Daech. Il faut d’ailleurs affirmer ici que les islamistes fanatiques qui mènent une guerre mondiale au nom d’une religion, ne sont pas habités par le courage mais par la haine qui les conduit à perpétrer des actes odieux, lâches et barbares contre des innocents sans défense. Comment ne pas évoquer le courage des pompiers qui luttent contre le feu ou celui des soignants qui combattent la maladie. Enfin, il ne faut pas oublier tous ces petits combats du quotidien qui nécessitent également du courage : oser prendre la parole lors d’une réunion, se lever le matin pour affronter une journée difficile, décider d’arrêter de fumer, …
- Le courage de prendre des initiatives et des risques professionnels : c’est en quelque sorte une synthèse des deux précédentes dimensions. Faire le choix par exemple de la création d’entreprise, impose de s’affirmer, de prendre des risques et de mener le combat de la créativité, de l’engagement et de la remise en question perpétuelle.
Le principe de précaution : l’antidote au courage
Introduit en droit français par la loi Barnier du 2 février 1995, le principe de précaution s’impose aux administrations. Il les oblige à mettre en place des procédures de prévision et d’évaluation afin de tenter de prévenir les risques majeurs pouvant conduire à l’engagement de leur responsabilité.
En médecine, c’est le « primum non nocere » (d’abord ne pas nuire) hippocratique qui s’applique. Comme dans les autres domaines, ce principe de précaution ne vise pas le bien mais la réduction des risques.
Si à l’origine, la volonté de réduire les risques est tout à fait louable, l’application excessive du principe de précaution conduit de nombreux décideurs à se réfugier derrière ce principe pour ne pas engager leur responsabilité. Cette frénésie française pour la précaution paralyse l'initiative car en débordant de son cadre, elle emporte sur son passage des envies d'innover, d'inventer et de créer.
Les hommes politiques sont de grands adeptes du principe de précaution, auquel ils ajoutent la fameuse « langue de bois ». Cette posture les éloigne du peuple qui accepte de moins en moins leur manque de vérité, de responsabilité et de courage.
Au sein des entreprises aussi, les managers se heurtent souvent au principe de précaution qui les enferment dans un tel carcan de procédures, qu’ils ne sont plus réellement en mesure d’arbitrer et d’exprimer leur courage managérial.
Il faudrait que les décideurs se souviennent qu’étymologiquement « courage » vient de cor en latin, c’est-à-dire le cœur. Remettre du cœur et de l’humain au centre des décisions de gouvernance est à mon sens, une priorité, s’ils souhaitent redonner du sens et de l’efficience à leur action.
Développer son courage
Voici quelques exemples de pratiques ou de postures pour doper votre courage :
- Acceptez vos peurs et votre vulnérabilité mais ne laissez pas votre égo prendre le contrôle de vos décisions
- Concentrez vos efforts sur ce que vous pouvez maîtriser
- Développez votre résistance mentale et physique en prenant soin de vous
- Ne visez pas la perfection et acceptez de vivre l’expérience de l’échec
- Fixez-vous des défis et augmentez le niveau de difficulté afin de poursuivre votre progression
- Entraînez-vous à la pleine conscience afin de développer les capacités de votre esprit à gérer vos émotions
- Planifiez et établissez un plan d’action puis, plongez-vous dans l’action
- Aidez les autres car l’altruisme et la compassion vous donnent en retour une force décuplée et utilisable pour vous-même
Mon témoignage personnel
S’il est un domaine où il est difficile de s’auto évaluer, c’est bien le courage : ai-je été courageux tout au long de mon existence ? Franchement, je ne sais pas. En revanche, je connais les sources dans lesquelles je puise la force d’affronter les obstacles qui se présentent à moi :
- L’homme a une énorme capacité d’imitation. L’exemplarité de membres de ma famille, de professeurs, d’éducateurs sportifs, de managers, et de bien d’autres, m’a permis de construire mon socle de courage.
- Dans mon activité professionnelle, j’ai eu l’opportunité de prendre des responsabilités managériales avant 30 ans, ce qui m’a amené très jeune, à faire des choix, prendre des décisions et à les assumer.
- La création d’entreprise m’a conduit, vers la quarantaine, à explorer des territoires inconnus, à remettre en question certaines de mes certitudes et à choisir l’élargissement de mes champs d’action professionnels plutôt que le confort d’une carrière toute tracée.
Le courage ne se révèle ni dans les intentions ni dans les mots mais dans les actes. Ces derniers ne sont pas toujours visibles par les autres mais ils changent souvent le cours des choses, voire de l’histoire. A ce titre, j’ai la conviction que mes actes de courage ont changé le cours de ma propre histoire et aussi de celui de personnes de mon environnement personnel et professionnel.
Alors, je change d’avis : "je me considère comme courageux !"
Non pas parce que je n’ai pas de peur mais parce que j’ai la force de les affronter .
Vous l’aurez compris, faire preuve de courage nous aide à libérer le positif qui est en nous.
o Ne confondez pas courage et résilience
o Laissez votre courage s’exprimer sans vous abriter derrière le principe de précaution
o Prenez conscience de tous vos actes de courage aussi minimes vous semblent-ils
o Identifiez ce qui vous donne le courage de vous lever chaque matin
o Inspirez-vous d’exemples de contemporains ou de personnages historiques