La leçon de management de Didier Deschamps / Newsletter Management Positif® - Août 2018
Article inspiré du Management Positif® : la leçon de management de Didier Deschamps
Cela n’aura échappé à personne : 20 ans après 1998, l’équipe de France de football est devenue à nouveau championne du monde !
Vous cherchez un point commun entre ces deux performances exceptionnelles ? Il y a effectivement un lien entre ces deux étoiles flanquées sur le maillot de notre équipe nationale : un homme, Didier Deschamps ; Capitaine en 1998 et coach de l’équipe de France en 2018 !
Merci Didier pour cette belle leçon de leadership et de management d’équipe !
Si l’on s’arrête au « packaging », Didier Deschamps ne dégage pas un charisme incroyable, son expression n’est pas celle d’un communiquant hors pair, quant à son image, elle n’est pas particulièrement léchée. En fait, les atouts de Didier Deschamps sont ailleurs :
- Une vision : remporter la coupe du monde avec ce groupe. C’est autour de cet objectif que l’équipe s’est rapidement fédérée sans jamais l’afficher à l’extérieur pour protéger ses jeunes joueurs
- Une légitimité et une exemplarité acquise toute au long de sa carrière. Les jeunes le respectent : « on croit en lui, on a confiance en lui, on joue pour lui », résume Antoine Griezmann.
- Une authenticité et une proximité avec ses joueurs. Il sait fêter les victoires, y compris les plus petites, partager son émotion positive mais aussi exprimer sa frustration à l’issue par exemple du match contre l’Australie.
- Une bienveillance qu’il exprime devant ses 23 joueurs, lors de la première réunion en Russie en leur disant : « si vous êtes là, je le répète, c’est essentiel, c’est parce que j’ai confiance en vous »
- Une communication interne assertive avec un message clair, simple et terriblement contagieux : « ne rien lâcher, je leur ai dit et redis… »
Chacun peut avoir sa propre définition du leadership. Pour ma part, je considère que le leadership d'un individu au sein d'une équipe est la relation de confiance qui s'établit entre cet individu et la majorité des membres de l’équipe, dans la poursuite d'un objectif partagé.
Si l’on s’en tient à cette définition, Didier Deschamps a démontré cette qualité de leader tout au long de son parcours jalonné de succès.
Dieu sait si certains de ses choix ont été critiqués ces derniers mois :
- Partir à l’assaut de l’Everest (la coupe du monde de football) avec l'équipe la plus jeune de l'épreuve depuis le Brésil de Pelé, en 1958
- Choisir Lucas Hernandez et Benjamin Pavard, inconnus du grand public avant le tournoi, comme latéraux titulaires à 22 ans
- Installer Kylian Mbappé à 19 ans comme titulaire indiscutable des bleus (élu meilleur jeune de la coupe du monde)
- Ecarter de la sélection nationale Karim Benzema, joueur emblématique du Real Madrid et vainqueur de la Ligue des Champions en juin 2018
- Maintenir sa confiance en Paul Pogba sur le terrain malgré ses performances très moyennes en club avec Manchester United et lors des matchs de préparation de l’équipe de France (il marqua un but décisif lors de la finale). Et aller jusqu’à lui confier le rôle de leader de vestiaire.
Toutes ces prises de risques se sont révélées payantes.
La tactique de Didier Deschamps
La stratégie gagnante de Didier Deschamps a été de construire sa tactique en fonction des compétences de ses joueurs et non l’inverse. Il a également su adapter son dispositif en fonction de ses adversaires et du contexte.
Dès sa sélection, Didier Deschamps a fait le choix du talent plutôt que celui de l’expérience. La notion d’état d’esprit et de savoir être a également pesé lourd dans ses décisions, éliminant de fait Karim Benzema, Franck Ribéry et d’autres.
Objectivement, l’équipe de France n’était pas forcément celle qui avait le meilleur jeu pendant cette coupe du monde, mais elle était très soudée. C’est cette synergie des talents individuels qui est sans doute à l’origine de l’état d’esprit qu’il a su construire. Les points forts des uns compensant les points faibles des autres et une solidarité à toute épreuve qui s’est exprimée sur le terrain, notamment lors des temps faibles de l’équipe.
Cette osmose entre de très jeunes joueurs talentueux et des joueurs d’expérience ayant vécu de grandes compétitions a été rendue possible en positionnant un joueur d’expérience au sein de chacune des lignes de l’équipe : Hugo Lloris dans les buts, Adil Rami en défense, Blaise Matuidi au milieu et Olivier Giroud devant.
Les valeurs ont été systématiquement mises en avant par le sélectionneur : le travail, l'abnégation (mouiller le maillot), l'envie de faire, la soif de victoire. Ce maillage a donné de la force à l'équipe de France 2018. En 1998 c’était la diversité de l’équipe « black blanc beur » qui avait permis de fédérer. Cette année, ce fut le courage et la ténacité, la capacité à faire face et à être uni. Mais aussi la fierté de représenter la France avec en apogée, une Marseillaise lancée spontanément par Olivier Giroud et entonnée avec Emmanuelle Macron sur le parvis de l’Elysée.
Enfin, Didier Deschamps a su se remettre en question et tenir compte de ses échecs. Par exemple, en travaillant son management émotionnel et sa proximité, ce qui face à 23 Millennials était indispensable. Il a donné le pouvoir à ses joueurs en fixant des règles et des valeurs au service du projet collectif.
Il a également tiré les leçons de l’expérience malheureuse de la finale perdue lors du championnat d’Europe 2016 contre les Portugais, en appréhendant cette finale non pas comme une épreuve à ne pas perdre mais comme un match à jouer pour le gagner.
- Un management individuel et de proximité auprès de chacun des 23 joueurs
- Une fibre émotionnelle forte et une simplicité dans ses messages comme marque de fabrique
- Des règles et des valeurs communes pour donner de la force au collectif
- La capacité à créer des synergies entre ses joueurs afin de donner de la valeur à l’équipe
- Des prises de risque et des décisions assumées
- Une tactique bien huilée que certains qualifient de « chirurgicale »
- Une confiance inébranlable en ses joueurs et en ses intuitions : « je savais que l’on gagnerait, c’était notre destin … » disait-il à l’issue de la finale gagnée face à la Croatie.
De là à dire que Didier Deschamps est un adepte du Management Positif®, il n’y a qu’un pas, que je franchis avec tout le respect que j’ai pour ce manager positif et performant.
Chaque mois, je traiterai d’une thématique en particulier inspirée du Management Positif®, sur un format court, avec la volonté d’être utile, voire inspirant.
Bruno BORTOLOTTI
Fondateur du Management Positif® et Animateur du Réseau de consultants accrédités
Auteur du livre "Le Management Positif®" (2ème édition - Juin 2016)
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