Le choc de simplification - Newsletter Management Positif® - Mars 2020

Article inspiré du Management Positif® : le choc de simplification

On nous promet depuis des années un choc de simplification ! La révolution digitale devait être un élément facilitant. Or dans les faits, tout devient de plus en plus compliqué. 
Qu’est-ce qui rend les choses aussi complexes ? Est-ce notre volonté de tout maîtriser et d’exister ?
 
Le choc de simplification
François Hollande a été le premier en 2013 à nous promettre un « choc de simplification ». En 2017, alors qu’il faisait le bilan de ce chantier lancé afin de faciliter la vie des entreprises et des particuliers, il confia à un journaliste du Point : « La simplification, c'est compliqué ». Justifiant ce demi échec par le fait que cette initiative s'était heurtée au conservatisme de la part de l'administration, des entreprises et plus généralement des citoyens français.
Si la simplification constitue une préoccupation de nos responsables politiques, c’est qu’il s’agit d’un enjeu majeur sur plusieurs plans :
-         Economique : car l’instabilité et la complexité de notre corpus juridique entravent le dynamisme de l’activité économique, en alourdissant les coûts et la durée des procédures nécessaires à la conduite des projets.
-        Budgétaire : car la réglementation fait peser des charges sur les acteurs (collectivités territoriales, entreprises…) qui ne sont pas toujours proportionnées aux objectifs poursuivis.
-        Démocratique : car le droit doit être accessible et compréhensible par tous les citoyens sous peine de créer de nouvelles inégalités.
On peut s’interroger sur la réelle volonté de réduire les normes de la part de ceux qui en sont à l’origine. En effet, c’est la peur, l’égo, le désir de pouvoir et de maîtrise qui a conduit nos élites à superposer les couches de ces millefeuilles réglementaires. Pour sortir de cette impasse, cela suppose une ouverture à l’autre et une confiance retrouvée qui est vitale pour notre pays.
 
Un manque de pédagogie
Dès 2008, les études menées par l’économiste Yann Algan démontraient un lien de causalité entre le taux de procédures et le niveau de confiance. Par exemple, les pays du Nord de l’Europe jouissent d’un niveau de confiance important (70%) et ont un taux de procédures extrêmement faible. A l’inverse en France, nous cumulons un niveau de confiance faible (21%) et le niveau de procédures le plus élevé de tous les pays de l’OCDE. Cela démontre que le déficit de confiance au sein d’une société a pour corollaire une forte régulation.
C’est donc bien le manque de confiance et la volonté de contrôler qui a conduit nos élites à créer les 400 000 normes au cours des cinquante dernières années, qui aujourd’hui paralysent notre pays. On constate le même phénomène au sein des entreprises où le poids des procédures démotivent les salariés, d’une part parce qu’ils ne les considèrent pas toujours productives et d’autre part parce qu’elles prennent le pas sur l’objectif qui n’est plus lisible, donc plus mobilisateur. La perte de sens qui en résulte est à l’origine du sentiment de frustration ressenti par de nombreux collaborateurs.
La solution est évidement d’ordre pédagogique. Redonner de la confiance passe par la mise en place de nouveaux modèles :
-        Une éducation scolaire ambitieuse, interactive et positive, qui mise moins sur la connaissance théorique et davantage sur la connaissance de soi et le vivre ensemble.
-        Une éducation parentale qui ne se résume pas au matériel superflu et qui contribue à la construction d’esprits libres, bienveillants et respectueux.
-        Un management « positif » des ressources humaines qui concilie l’humain et la performance
Dans un souci de simplification et d’équité, il est devenu indispensable d’harmoniser les organisations publiques et privées. Ce qui, vous en conviendrez, pose actuellement quelques problèmes de compréhension, notamment sur le sujet des retraites. Cela prendra du temps car la pédagogie impose de résonner à moyen et long terme, ce qui n’est évidemment pas compatible avec le temps politique, qui lui s’inscrit dans le court terme, c’est-à-dire celui de la prochaine élection.
Enfin, il convient de communiquer davantage sur l’objectif et moins sur les moyens. La réduction du nombre de procédures n’est qu’un moyen de redonner de la confiance. C’est-à-dire libérer et valoriser l’initiative individuelle afin de rendre les personnes acteurs de leur vie personnelle et professionnelle. Encore faudrait-il que le cap soit clairement fixé :  qu’il s’agisse de celui de la nation ou de l’entreprise. Un projet ambitieux et réaliste où l’humain serait remis au centre. Sans doute faudra-t-il commencer par cela.
 
Simplifier, un état d’esprit
Nous sommes devenus des experts capables de transformer des choses simples en données complexes. Il va pourtant nous falloir inverser cette tendance et parvenir à simplifier et résoudre les problématiques que nous avons d’ailleurs nous-même souvent généré.
Simplifier ne rime pas avec simpliste. C’est le fait de supprimer ce qui n’est pas essentiel afin de faciliter la compréhension. Simplifier rime davantage avec humilité et vérité. En effet, c’est notre capacité à nous adapter à nos interlocuteurs, à nous exprimer sans détour et sans volonté d’exercer un quelconque pouvoir, par l’utilisation de formules, sigles ou acronymes. Au final, il s’agit d’un acte pédagogique qui nous permet de gagner du temps, de l’efficience et d’enrichir la relation interpersonnelle.
Dans tous dans les domaines d’activité, l’homme utilise un jargon d’expert qui lui donne un sentiment de maîtrise et de supériorité par rapport aux autres. 
Nous avons tous vécu de grands moments de solitude chez un notaire, un médecin ou un comptable. Et que dire du langage technocratique et de la « langue de bois » de nos responsables politiques qui a réussi à décourager plus de la moitié de la population d’aller voter ?
En fait, nous sommes confrontés à la complexité de notre esprit qui nous pousse sans cesse à vouloir devenir meilleur que les autres. Et ainsi créer des codes que seuls ceux issus de notre groupe d’appartenance, considéré comme meilleur, connaissent. A force de vouloir devenir, on oublie d’apprécier d’être. Si l’ambition est un moteur pour beaucoup d’entre nous, il n’en reste pas moins qu’elle prend naissance dans notre esprit et pas dans notre cœur. Or, Saint- Exupéry nous rappelle qu’on ne voit bien qu’avec le cœur car l’essentiel est invisible pour les yeux.
 
Mon témoignage personnel
J’ai toujours considéré que la capacité à rendre lisibles des données complexes ou incomplètes était un véritable talent. Ce talent devrait d’ailleurs faire partie du cahier des charges lors du recrutement d’un manager, qu’il s’agisse d’un dirigeant ou d’un responsable politique.
Comme la plupart d’entre nous, j’ai été initié à de nombreux langages corporatistes :
-        Le langage scientifique au cours de mes études de chimie
-        Le jargon médical et marketing au sein de l’industrie pharmaceutique
-        Les anglicismes du management à l’occasion de mon 3ème cycle
-        Enfin, depuis une quinzaine d’années, l’univers de la pédagogie et de l’accompagnement des personnes.
Ce n’est d’ailleurs sans doute pas un hasard si j’ai décidé de finaliser ma carrière dans le domaine de la transmission, dans lequel tout l’enjeu consiste justement à simplifier des données complexes afin de les rendre accessibles au plus grand nombre.
Au-delà de mon activité, en avançant en âge, j’ai le sentiment d’aspirer à plus de simplicité. Dans mes choix, dans mes goûts et dans mes décisions. C’est-à-dire, à plus écouter mon cœur et un peu moins mon esprit. A davantage faire confiance à mes intuitions et moins dépendre de l’avis ou du jugement des autres.
La pratique de la méditation est sans doute aussi à l’origine de ma recherche de vérité et de vacuité. Se dégager de notre mental nous permet de débrancher le pilote automatique qui nous ramène vers nos peurs et notre égo et nous empêche de voir le monde tel qu’il est.
A ce titre, la vacuité est une forme de simplification extrême, une petite mort en quelque sorte, où seul compte l’instant présent.
Quel que soit la complexité de notre esprit, nous sommes tous à la recherche du bonheur. 
Et si l’un des secrets du bonheur était notre capacité de simplification afin d’y voir plus clair dans nos vies personnelle, professionnelle, spirituelle, amoureuse, … ? Et ainsi, savourer chaque jour les petits moments de bonheur qui nous sont offerts.
 
Vous l’aurez compris, la simplification est une ressource rare et elle est pourtant indispensable afin de nous aider à libérer le positif qui est en nous.
o        Attachez-vous à être compris par le plus grand nombre.
o        N’ayez pas peur de simplifier, c’est la preuve de votre expertise.
o        Concentrez-vous sur l’essentiel et éliminez le superflu.
o        Soyez ambitieux pour vous-même et pas pour faire mieux que les autres
o        Libérez votre mental et ouvrez votre cœur.

 

 
 

Chaque mois, je traiterai d’une thématique en particulier inspirée du Management Positif®, sur un format court, avec la volonté d’être utile.

Bruno BORTOLOTTI
Fondateur du Management Positif® / Animateur du Réseau de consultants accrédités
Auteur du livre "Le Management Positif®" (2ème édition - Juin 2016)



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